Le plus grand industriel de la musique au Burkina Faso, Seydou Richard TRAORE déplore que le Ministère en charge de la Culture soit donné comme cadeau à un parti politique. Il faut qu’à partir d’un moment donné qu’on ne vienne plus à la culture qui veut, mais qui peut », a laissé entendre le PDG de Seydoni Production dans son message de vœux de fin d’année. Lisez plutôt :
Je suis Traoré Seydou Richard, je suis président de l’Association Cultures Africaines et Développement, Président de l’Association des producteurs, éditeurs et distributeurs de musique par ailleurs, Fondateur, PDG de Seydoni production dans le sens de la production, distribution, édition et de l’organisation d’évènementiels pour les artistes.
Comment a été 2020 pour vous ?
2020 a été pour nous, une année assez dure. Le secteur culturel au niveau mondial et national a été vraiment touché. Il y a eu un arrêt total des activités à un certain moment avec le confinement. Et il faut dire que c’est seulement maintenant qu’il y a une petite reprise.
Quels sont vos projets pour 2021 ?
Nous espérons que ce sera une année normale. C’est vrai que l’Afrique en général est moins touchée par rapport à l’Europe en ce qui concerne le Covid. Mais il y a toujours un grand problème au niveau du secteur culturel en ce qui concerne la demande. A ce niveau, je note qu’il n’y a pas assez de commandes ni de l’état, ni du privé que ce soit pour une production cinématographique ou qu’il s’agisse d’une production musicale. C’est ça qui est quand même inquiétant. J’ai l’impression qu’il n’y a pas eu un travail au niveau national pour permettre au secteur culturel de décoller.
Si vous prenez par exemple des gens qui sont dans la construction de route, il y a des avis d’appels d’offre. Et tout ce qu’ils ont comme investissement en matière de Caterpillar, est rentabilisé par ces commandes publiques à travers la construction des ponts et des routes.
Au niveau culturel, notre pays n’a toujours pas mis en œuvre un système de commande pour construire des « ponts et des routes » entre les ethnies pour qu’il y ait un dialogue social solide. Et il n’y a pas d’imagination pour vraiment faire décoller le secteur culturel. Il faut dire que le problème qui se pose est un problème de conscientisation du public et du privé pour que le secteur culturel puisse réellement vivre de son art. Je ne dis pas vivre comme des mendiants mais comme des acteurs normaux comme cela se fait partout dans le monde où on peut voir un développement se peaufiner.
Quels sont vos souhaits pour 2021 ?
Pour 2021, je souhaiterai que tous les acteurs culturels se lèvent et qu’ils mènent la lutte parce qu’on s’est déjà longtemps assis et on a attendu… Chaque année, on dit que le budget de la culture est faible et on ne se rend même pas compte qu’il y a deux ou trois ans qu’on parlait toujours de 0,34 %, même pas 1%. On ne comprend même pas que la culture est transversale. Si vous ne transformez pas la mentalité des gens, comment pouvez avoir un développement endogène ? et on sera toujours dépendant de l’extérieur.
Sans fausse modestie, je suis le pus grand investisseur privé dans le domaine de la musique au Burkina et en tant que tel, je devrais être l’interlocuteur privilégié de notre ministère de tutelle en matière de musique. Malheureusement , je ne suis nulle part associé aux décisions du Ministère de la Culture. J’ai donc de la peine à croire que le MCAT soit donné a un parti selon le nombre de députés qu’il apporte au parti majoritaire.
Il faut qu’à partir d’un moment donné qu’on ne vienne plus à la culture « qui veut, mais qui peut !». Et qu’on comprenne que la culture a des dimensions économiques.
C’est regrettable de le dire ; mais il est plus facile pour un touriste étranger d’obtenir facilement une audience auprès de nos hautes autorités qu’un investisseur national de la culture.
C’est inquiétant ! Où est notre souveraineté ? et où est ce qu’on va ? C’est ça ma grande question !
Il faut que les gens se réveillent pour lutter pour leurs droits. Je peux vous donner la liste des artistes qui sont morts avec tant de misère. La musique, c’est toute même une industrie et nos gouvernants doivent le savoir.
Alors mes vœux pour le nouvel an, c’est de dire aux acteurs culturels de continuer à travailler et qu’ils ne se taisent pas en se disant qu’il y a d’autres qui mènent la lutte pour eux ; parce que la plus part des acteurs culturels ne se reconnaissent ni dans les faitières, ni dans les associations qui sont actuellement là. Mon souhait est que le gouvernement prochain puisse montrer objectivement sa capacité à faire bouger les lignes au niveau de la culture.
Je souhaite bonne année à tout le monde et que 2021 soit une année où le travail continuera. Je fonde l’espoir que malgré le Covid-19 avec lequel il faut désormais prendre ses gardes, que tout ira mieux.