
Le 05 Août 1960, le Burkina Faso s’appelait encore Haute-Volta. Entouré des présidents du Dahomey Hubert Maga, du Niger Hamani Diori et de la Côte d’Ivoire Félix Houphouët-Boigny, Maurice Yaméogo se presse pour assister à cette journée historique.
Chef de nouvel État, Maurice Yaméogo plante un arbre, symbole de l’indépendance mais aussi de l’espoir de tout un peuple. Sur les ondes de la radio nationale, il adresse à ses concitoyens : « Aujourd’hui, 5 août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de l’homme à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, je proclame solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta. Neuf siècles d’histoire ont révélé au monde la valeur morale de l’homme voltaïque. Au nom de cette morale à partir de laquelle nous voulons bâtir notre nation, j’exprime ma profonde reconnaissance à tous les artisans de notre indépendance nationale ».
Il y a soixante deux (62) ans jour pour jour, Maurice YAMEOGO, premier président proclamait l’indépendance de la Haute-Volta qui deviendra plus tard le Burkina Faso sous l’égide du Capitaine Thomas SANKARA.
Admis aux Nations unies (ONU) dès le 20 septembre 1960, le pays accède à indépendance au prix de haute luttes menées par les devanciers.
Créée en 1919, la colonie de Haute-Volta comprenait alors sept (07) cercles en l’occurrence celui de Gaoua, de Bobo-Dioulasso, de Dédougou, de Ouagadougou (chef-lieu), de Dori, de Say et de Fada N’Gouma. Elle est disloquée treize (13) ans plus tard en septembre 1932, au profit du Soudan français (actuel Mali), de la Côte d’Ivoire et du Niger. Le démantèlement de la Haute-Volta s’expliquait par la convoitise de son réservoir de main-d’œuvre que lui vouaient les colonies voisines. Aussi, la colonie était sans débouché maritime et l’Administration coloniale devait restreindre ses frais de fonctionnement. Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, un mouvement nationaliste appuyé par le Moogho Naaba Koom-II a régné de 1906-1946 et a aboutit à la reconstitution de la Haute-Volta en 1947.
En 1945, l’Administration coloniale décide d’associer les autochtones à la gestion du territoire. Les premiers conseils municipaux sont élus, ainsi qu’une Assemblée territoriale. Les colonies envoient des représentants auprès du Parlement métropolitain. La Haute-Volta est alors représentée à l’Assemblée nationale par Gérard Kango OUEDRAOGO, Joseph CONOMBO, Nazi BONI, Henri GUISSOU, Mamadou OUEDRAOGO. Ces députés étaient, en outre, les émissaires de la Haute-Volta à l’Assemblée de l’Union française et au Grand Conseil de l’Afrique Occidentale Française (AOF). La nouvelle Assemblée territoriale est élue le 31 mars 1957 au suffrage universel. Elle désigne un gouvernement de douze (12) membres. Ouézzin COULIBALY est élu Vice-président, puis Président de ce gouvernement. Il meurt le 7 septembre 1958 et est remplacé par Maurice YAMEOGO de l’Union Démocratique Voltaïque (UDV).
L’accession à l’indépendance
La Communauté française, proposée par référendum le 28 septembre 1958, est acceptée par 75 % des inscrits de la Colonie de Haute-Volta. Le 11 décembre de la même année, la République voltaïque est proclamée, et adhère aussitôt à la Communauté. En 1959, la République devient autonome, et se retire dès le mois de mars du projet de Fédération du Mali qui réunissait la Haute-Volta, le Soudan français, le Dahomey et le Sénégal. L’Assemblée territoriale de 1957 devient Assemblée constituante et élabore une Constitution, adoptée par référendum le 15 mars 1958.
Aux élections législatives du 19 avril 1959, le Rassemblement Démocratique Africain (RDA) arrive très largement en tête avec 70 % des suffrages et occupe 65 des 75 sièges de l’Assemblée, puis 71 à la suite de désistements. Damien Begnon KONE, élu sénateur le 8 juin 1958, préside l’Assemblée nationale en 1959 et Maurice YAMEOGO, qui avait succédé à Ouezzin COULIBALY à la tête du gouvernement, devient Président du Conseil des ministres. Maurice YAMEOGO est élu à la tête du RDA le 30 décembre 1959.
Joseph Stéphanie OUATTARA